Quand les collectivités s’appuient sur leurs habitants pour déterminer les projets de la ville

Lancé en 1989 à Porto Alegre comme un renforcement de processus démocratique, le budget participatif s’est diffusé en France au début des années 2000. Aujourd’hui, l’enquête Nexus nous apprend qu’entre 1269 et 2778 territoires ont recours à cet outil citoyen. Nous retrouvons notamment des exemples à Medellin, Lisbonne, New York City et Tozeur. Dans l’hexagone aussi de nombreuses collectivités  en font l’expérience : Lanester, Morangis, Montreuil, Paris, Bar Le Duc, Rennes, Grande Synthe, mais aussi des conseils régionaux d’Ile de France, l’ex Poitou Charentes et les Hauts de France.

Alors le budget participatif, c’est quoi avant tout ?


C’est un outil d’expression et de décision de, par et pour tous : citoyens, entreprises, associations, agents de la collectivités, conseils de quartier. Les élus soumettent une enveloppe globale à leurs administrés et ces derniers proposent des projets qui seront ensuite retenus ou pas selon un processus démocratique. Les projets font appel au budget d’investissement et ne doivent pas entraîner de frais de fonctionnement supplémentaire (ou inférieurs à 5 % du montant de l’investissement). Ainsi le budget participatif permet aux citoyens d’avoir directement la parole, d’être écoutés et se sentir capables d’exprimer leurs priorités. En ouvrant la participation à tous, ils donnent la capacité de réorienter les ressources publiques.

Les clés de l’efficacité de cette démarche résident dans le fait que les habitants doivent raisonner avec une logique d’intérêt général, le « je voudrais pour moi » doit laisser place au « ce que je voudrais pour mon quartier, mon arrondissement, ma ville, ma région ». Côté collectivité, initier cette démarche impose de segmenter, au besoin, sa consultation en fonction du territoire sollicité, organiser le processus de communication, sélectionner et contrôler l’efficacité des projets, et enfin, de diffuser les résultats obtenus auprès des populations .

Le budget participatif a fait ses preuves, année après année, car chacun y trouve son compte :
L’élu renoue ou renforce son lien de confiance, de compréhension avec les citoyens et réciproquement. Et sa côte de popularité grimpe : selon Josh Lerner (Professeur à l’Université d’Harvard) à New York, les élus qui soutiennent le budget participatif sont 10% plus populaires, autre cas où le maire de San Antonio (Chili) a été réélu deux fois depuis 2004, et la dernière avec plus de 70% des voix.
Les conditions de vie s’améliorent pour tous les habitants car leur implication favorise les projets qui ont le plus de sens pour eux et leur quotidien.
Il encourage le civisme fiscal des citoyens qui, au fil du projet, comprennent davantage le sens de l’impôt. La lutte contre la corruption s’en trouve renforcée d’un côté et, de l’autre d’ailleurs.
L’ONU considère qu’il s’agit d’un outil de croissance économique et de développement social. 

Alors ? Qui d’entre vous se sent prêt à solliciter son élu ? Ça se tente non ?